Le yoga, mon yoga, votre yoga …
Aujourd’hui le Yoga est une discipline pratiquée par 10 millions d’individus à travers le monde .…
La grande majorité pratique un hatha yoga moderne, produit de rencontres iconoclastes à partir du 19ème siècle, entre des Hatha yogis – jusque là déconsidérés dans la société indienne– et des adeptes de pratiques corporelles occidentales aussi diverses que le culturisme, la danse, la gymnastique, les disciplines de bien-être, l’étirement sportif.
De ce brassage constant, il est compliqué de distinguer parfois ce qui relève du contexte indien hindouiste de la réalité occidentale.
Les origines du yoga
IL appartient historiquement au monde indien mais il est protéiforme, a constamment muté, fusionné, a débordé hors de ses frontières. Selon les époques et les lignées, il revêt un sens et une portée différentes.
C’est entre le IIe siècle av JC et le Ve siècle ap JC que le yoga se structure en point de vue philosophique orthodoxe sur la base de deux textes fondateurs, les Yoga Sutra de Patanjali ( appareillée à la Samkhya) et la Bhagavad-Gita extrait de l’épopée mythologique du Mahabharata. La pratique du Hatha yoga traditionnel se réfère plus spécifiquement à un autre texte fondateur, le “Hatha Yoga Pradipika”.
Me connecter, à moi, au autres
Aux origines du mot YOGA, on peut isoler la racine sanscrite YUG, c’est-à-dire littéralement l’action d’ ”atteler”, de “lier”, d’ ”unifier”.
L’état de Yoga, c’est donc la réalisation individuelle de l’union des différentes dimensions de l’être humain, physique, psychique et spirituelle, pris dans un tout plus vaste. Une fois que je suis consciente à chaque instant de cet état d’unité, je suis éveillée, présente à la vie sous toutes ses formes. Par voie de conséquence, je suis libérée de mes conflits internes, c’est “la mise au repos” du mental.
C’est donc une démarche personnelle pour se reconnecter à l’essence de soi et vivre harmonieusement avec les autres. Quand je suis bien dans ma tête et mon corps, je suis disponible aux autres, agile dans l’action.
Comment ?
Aujourd’hui, On parle de yogas, de styles de yoga tant les approches sont diversifiées, mixées entre elles. C’est un grand brassage vivant de pratiques, au risque de se perdre.
Je peux classiquement emprunter les 4 voies traditionnelles du yoga, la connaissance des textes ( Jnana yoga), du service aux autres désintéressé (Karma yoga), de la dévotion ( Bahkti yoga), ou de la Voie royale ( Raja yoga) ou celle du Hatha Yoga (voie de l’effort).
Pour ma part, je suis la lignée du maitre Krishnamacharya. On expérimente le yoga d’abord par une pratique des asanas intense afin de purifier le corps, d’affuter la perception des sens et de la pulsation vitale . Le corps est perçu comme un canal de transformation, au travers duquel on apprivoise le potentiel énergétique du souffle pour accéder progressivement à des états supérieurs de perception de la conscience .
Qu’est-ce qui est yoga, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Est-ce que c’est important ?
Non, si l’enseignement que je reçois m’apporte du contentement et de la stabilité durablement. Oui, si je veux rester fidèle à “L’esprit du yoga” pour reprendre l’intitulé du livre de Ysé Tardan-Masquelier.
Pour Jean-Michel Creismeas, il n’y a pas de yoga sans travail de contrôle du souffle. C’est ce qui distingue le yoga des autres pratiques. Mais cela demande un travail préparatoire sur le corps, le mental. On y vient progressivement.
Je pense à Swati Chanchani à Derhadun ( yoganga.org) qui chaque jour ouvre la séance sur une définition du mot yoga comme une porte d’entrée possible à la pratique posturale : l’art de m’aligner, une technique pour harmoniser ma relation corps et mental, un support pour mieux me connaitre, l’art de guider ma respiration, l’art de me centrer, de me déconditionner, un outil pour optimiser ma santé, etc
Et ça marche, cela m’oblige à réactualiser à chaque fois ma relation au yoga pour coller intimement à ce que je suis, expérimenter le contentement de me sentir vivante dans l’instant.